J'Accuse

J’Accuse

GB/Fr/Pol, R. Polanski, 2019
Note : 3.5 / 5 – Bien

Un long-métrage sur l’affaire Dreyfus ne peut susciter chez les amateurs d’histoire française qu’un bel intérêt. D’autant plus si celui-ci est réalisé par un réalisateur renommé. Mais la complexité de cette affaire pouvait laisser planer des doutes quant à la faisabilité d’un tel projet. Heureusement Roman Polanski et son scénariste Robert Harris ont su trouver un angle judicieux en suivant un personnage au cœur de l’affaire, à savoir le colonel Picquart, incarné brillamment par Jean Dujardin. La mise en place du récit est pourtant assez laborieuse et traîne en longueur, notamment cette séquence dans une église, trop longue et accessoire. Quand l’intrigue prend enfin le tournant que l’on attend, et que l’on s’immerge enfin dans l’affaire Dreyfus, cela devient en tout point passionnant. Il y a d’abord cette confrontation magnifique entre Dujardin et Grégory Gadebois, qui incarnent des visions terriblement opposées de la droiture morale toute militaire de l’époque. Les thématiques abordées ensuite par le scénario, avec cet omniprésent fil rouge de l’antisémitisme, sont parfaitement mises en lumière par le réalisateur. Malheureusement, un certain académisme dans la réalisation et un récit historique bien trop linéaire empêchent le film d’atteindre des sommets. Il y aussi cette difficulté, inhérente aux films d’époque, à reconstituer de manière crédible le Paris de la fin du XIXe siècle. Les quelques séquences du long-métrage avec Emmanuelle Seigner, pas toujours juste, ne sont également pas bien utiles à l’histoire. Au final, passionnant de par sa déconstruction de l’affaire Dreyfus, Polanski nous offre un long-métrage historique de bonne facture.

R.M.