Les Misérables

Les Misérables

France, L. Ly, 2019CANNES_H80
Note : 4 / 5 – Très Bien

Avant de parler du fond, il est important de dire que Les Misérables est un formidable film de metteur en scène. A la croisée des chemins entre Polisse de Maïwenn et Jusqu’à la Garde de Xavier Legrand, Ladj Ly nous offre une plongée caméra à l’épaule au plus près des hommes et des femmes qui font le quotidien des zones sensibles. Il y a des idées de mise en scène derrière chaque plan, rendant le long-métrage très fluide, nerveux et agréable à regarder. Et ce dernier point n’est pas un mince exploit étant donné ce cadre urbain peu réputé pour l’esthétique de son cadre de vie. Mais le réalisateur parvient à donner à la banlieue française une vraie identité visuelle, proche de ce que les metteurs en scène américains parviennent à faire dans les bas-fonds de Los Angeles. Et que dire de la direction d’acteurs ? Ladj Ly parvient à insuffler à ses interprètes toute la sincérité et le réalisme inhérents à ce type de récit. Même les acteurs débutants se donnent corps et âmes dans les âpres relations qui se nouent entre les différents protagonistes du film. Il n’y a bien que Djebril Didier Zonga, interprétant Gwada, l’un des trois policiers que l’on suit, qui n’est pas toujours très juste. De leurs côtés, Alexis Manenti est époustouflant et Damien Bonnard confirme encore sa grande justesse de jeu. Sur le fond, le regard du réalisateur sur la police peut laisser dubitatif, mais la conclusion, où les jeunes se rebellent face à des adultes qui collaborent éhontément, offre un final puissant et terriblement bien pensé.

R.M.