Compagnons

Compagnons

France, F. Favrat, 2022
Note : 3 / 5 – Pas Mal

La principale curiosité du long-métrage de François Favrat résidait dans la découverte sur grand écran de l’univers plutôt méconnu des Compagnons du Devoir. Sans être caricatural ni totalement louangeur, le réalisateur parvient à brosser un portrait sincère et tout à fait informant sur ce qu’est ce mouvement ouvrier aux origines très anciennes et qui conserve des rites assez anachroniques aujourd’hui. Logiquement le scénario ne s’attarde qu’assez peu sur les formations, les cours et les savoir-faire enseignés, s’intéressant plutôt aux valeurs transmises par les encadrants. L’un d’entre eux d’ailleurs n’est même pas un acteur professionnel. Il s’agit de Kévin Boudeau, Prévôt de la Maison de Nantes, qui, dans son propre rôle s’avère parfaitement convaincant. Pour les deux autres, le réalisateur a eu la chance de pouvoir faire tourner d’excellents acteurs français, Agnès Jaoui et Pio Marmaï. Ils forment un excellent duo, très crédibles en Mère de la communauté et en vitrailliste transmettant ses compétences. Mais le compagnonnage n’est que l’aspect secondaire du récit et malheureusement celui-ci se heurte à la traditionnelle caricature banlieusarde à base de clichés sur le trafic de drogue, l’attitude désinvolte de ses jeunes habitants et la malhonnêteté endémique de ceux-ci. La pauvre Najaa, qui tient le premier rôle, peine à sortir de cette ornière scénaristique. Longtemps le film peine à s’extraire des poncifs de la représentation des banlieues. Il y parvient heureusement dans le final, permettant à la jeune actrice d’exprimer une plus large palette d’émotion. La conclusion réussie permet d’occulter quelque peu ces écueils.

R.M.