Moi, Daniel Blake

Moi, Daniel Blake

GB, K. Loach, 2016CANNES_H80
Note : 4 / 5 – Très Bien

Ken Loach a donc décroché sa deuxième palme d’or lors du dernier festival de Cannes avec Moi, Daniel Blake. Il nous propose un long-métrage dans la même veine que La Loi du Marché, film français sorti dans les salles un an auparavant et qui avait consacré Vincent Lindon. Comme Stéphane Brizé, Ken Loach présente donc la misère sociale et les lourdeurs administratives qui pourrissent la vie des gens d’en bas. Sauf que les personnages survivent ici dans le cadre peu engageant de la ville de Newcastle, dans le nord de l’Angleterre. Ce contexte britannique nous laisse, en tant que spectateur français, un peu à distance, en tout cas au début du film. En effet, on se sent assez peu concerné par les problèmes de recherche d’emploi et autres formes de tortures administratives spécifiques à ce pays. Dans la première partie du film ce Daniel Blake nous ennuie plutôt qu’il ne nous apitoie. Puis soudain, au milieu du film, la carapace finit par se briser parce qu’il y a cette jeune femme, en grande difficulté avec ses enfants, qui emporte avec elle toutes nos émotions. Ce n’est donc pas l’interprète de Daniel Blake (Dave Johns) mais plutôt l’actrice Hayley Squires, l’interprète de cette jeune et bouleversante Katie, qui transforme le film. Cette dernière est plus convaincante que ce Daniel Blake, personnage qui suscite peu l’empathie. La deuxième partie du film ne peut donc que laisser une trace indélébile dans le cœur des spectateurs. Même si le final est attendu et un peu trop facilement larmoyant, Ken Loach réussit un film social fort, dans lequel le message de solidarité et de fraternité face à la pauvreté surpasse tout le reste, ce qui fait de Moi, Daniel Blake une palme d’or amplement méritée.

R.M.