Moi Capitaine

Moi Capitaine

It/Be, M. Garrone, 2024
Note : 4 / 5 – Très Bien

Reparti avec deux prix de la Mostra de Venise, Moi Capitaine surprend d’emblée par son désir de réalisme. Directement plongés dans les rues de Dakar, on est saisi par la culture locale, mélange de pauvreté et d’énergie lumineuse. Les acteurs s’expriment en wolof, parfois en français, pour une immersion dans la société sénagalaise des plus réussie. Matteo Garrone n’occulte rien des difficultés africaines mais filme avec tendresse une société pleine de couleurs et de vitalité. L’origine du désir – de départ pour l’Europe – des deux principaux protagonistes reste malheureusement plutôt flou. S’en suit un road movie horrifique à travers le nord de l’Afrique, fait de tout ce que les Européens voudraient bien cacher à leurs regards. Mais le réalisateur italien montre tout, sans prendre de pincettes. La réalité serait même bien pire encore, mais le scénario finit logiquement par privilégier l’humanité et la solidarité entre les migrants. Le jeune acteur amateur Seydou Sarr porte sur ses épaules tout le poids de ce témoignage indispensable. Les seconds rôles sont souvent peu convaincants mais lui excelle et exprime toute une palette d’émotions contradictoires. Il y a la joie de retrouver son ami, la peur insondable des trafiquants libyens, l’inquiétude prégnante qu’il a pour sa mère, et le poids immense des responsabilités qui pèsent sur ses épaules dans le final ! Terriblement expressif, le jeune interprète nous émeut dans l’épilogue par son incroyable courage et sa ténacité. Il se fait le porte-drapeau homérique de toutes ces femmes et ces hommes qui périssent dans l’espoir d’une vie meilleur. Un film nécessaire et touchant.R.M.