Pauvres Créatures

Pauvres Créatures

US/GB, Y. Lánthimos, 2024
Note : 3.5 / 5 – Bien

Lion d’or, Golden Globes, Oscars, n’en jetez plus ! Le long-métrage de Yorgos Lánthimos est la curiosité cinématographique de ce début d’année. Et pourtant, le visionnage s’avère bien laborieux au début. En effet, les vingt premières minutes du film, dans un noir et blanc accessoire, sont vraiment très poussives. Elles offrent une mise en place de l’intrigue bien trop longue, et gâchent une partie du formidable potentiel visuel du long-métrage. Enfin débarrassé de sa première demi-heure, le récit décolle enfin : la couleur revient, et tout nous éblouie alors. Notamment ces superbes décors, filmés en grand angle, qui sont truffés de détails délicieux. Lánthimos nous offre alors une sorte de road movie flamboyant à travers une Europe fantasmée de la fin du XIXe. Chaque séquence est alors un véritable régal pour les yeux. Artistiquement cela frôle la perfection, que même l’excès de prises de vues en grand angle ne parvient à limiter. Le scénario, qu’on jugera féministe ou pseudo-féministe selon ses convictions, ne laisse évidemment pas indifférent. Souvent irrévérencieux, parfois même assez trash, le récit aurait peut-être gagné à être un peu plus pudique. De nombreux seconds rôles excellent, Mark Ruffalo et Willem Dafoe en tête. Mais la prestation la plus audacieuse est bien sûr celle d’Emma Stone. On peut dire qu’elle donne de sa personne pour incarner cette stupéfiante Bella Baxter. Incarner la folie est un régal et presque une facilité pour une interprète de son talent, mais elle est encore meilleure lorsqu’elle se fait vengeresse et dominatrice dans le final. Elle nous offre un moment de cinéma assez inoubliable.R.M.