Anatomie d'une Chute

Anatomie d’une Chute

France, J. Triet, 2023CANNES_H80
Note : 3 / 5 – Pas Mal

Qu’essaye de nous raconter le film de Justine Triet ? C’est la grande interrogation qui reste après avoir visionné le long-métrage. On ne doute jamais vraiment de l’épilogue. L’aspect policier du récit est donc bien superficiel. Sur le plan judiciaire, on a également vu mieux. Les plaidoiries sont efficaces et bien incarnées, mais sans plus. Finalement c’est le déballage en place public de la vie intime d’un couple, et de ses turpitudes, qui se trouve au cœur du scénario. Et c’est bien, en effet, cette déconstruction du couple, l’aspect le plus intéressant du long-métrage. Cela pousse à s’interroger sur la surinterprétation possible, dans un cadre judiciaire, de nos moindres faits, gestes et dires du quotidien. Anatomie d’une Chute est donc une œuvre psychanalytique de haute volée. Des choix de mises en scènes audacieux et assez percutants nous sortent par moment d’une certaine torpeur. Alors on se raccroche aux performances d’acteurs, principalement celles des interprètes secondaires, qui proposent quelque chose de moins monochromatique que la prestation de Sandra Hüller. Avec ce passage incessant du français à l’anglais dont la finalité est un peu énigmatique, l’actrice allemande, très douée au demeurant, semble très en sous-régime, trop en retenu. La prestation épatante du jeune Milo Machado Graner est à souligner. Il nous propose la vision enfantine pétrifiante de l’enfer judiciaire dans lequel il est entrainé bien malgré lui. Quelques grosses ficelles scénaristiques et pas mal de longueurs nous empêchent donc d’être totalement emballé par cette Palme d’or.R.M.