Mustang

Mustang

Turquie, D. G. Ergüven, 2015
Note : 4 / 5 – Très Bien

Ce film turc a fait beaucoup parler de lui cette année lors du festival de Cannes. Il est réalisé par une femme qui se lance dans un beau plaidoyer pour la condition de ses pairs en Turquie. La façon dont la réalisatrice traite ce sujet est intéressante parce qu’elle y met les formes et a de la tendresse pour ses personnages. Elle montre le poids des traditions qui pèsent sur les épaules des jeunes filles dans une société ultra rigoriste et conservatrice. Elle prend soin de désacraliser son sujet, qu’elle place plutôt sur le plan des libertés individuelles et de la place de la femme dans la société turque actuelle. Tout est amené avec beaucoup de subtilités dans le scénario, écrit à deux mains avec la française Alice Winocour. En effet, la violence est souvent là où on ne l’attend pas, dans des situations terriblement dérangeantes. Sonay, Selma, Ece, Nur et Lale sont ces cinq sœurs, cette fratrie inoubliable de Mustang. Les cinq actrices qui donnent corps à ces personnages sont toutes formidables. Il y a une lumière, une fièvre de liberté qui brille dans l’œil de la petite dernière, Lale. On ne peut que faire le parallèle entre cette dernière et Toya la petite fille de Timbuktu. Il faut noter également la beauté de certains plans ; ils montrent une vraie réflexion dans le travail de mise en scène, et un vrai amour pour les paysages de la Turquie. La musique est mélancolique mais jamais triste ni larmoyante, elle amène également un souffle de grandeur et d’espoir. Mustang est donc vraiment un joli film, simple, dépaysant, dur aussi parfois mais porteur d’espoir. Cinq sœurs qu’on n’oublie pas facilement.

R.M.