Mommy

Mommy

Canada, X. Dolan, 2014CANNES_H80
Note : 5 / 5 – Chef d’oeuvre

Que dire qui n’a pas déjà été dit sur l’ébouriffant Mommy de Xavier Dolan. Que les trois acteurs principaux sont époustouflants. Il faut d’ailleurs citer la prestation dingue d’Antoine-Olivier Pinon, son regard bleu enfantin et fragile derrière lequel se cache un véritable monstre. Que le format de l’image, carré, nous empêche littéralement de sortir du cadre, et nous écrase sous la violence des mots. Ce même format qui resserre l’image sur l’essentiel, à savoir les blessures cachées mais omniprésentes. On pense notamment au rôle de la voisine interprété par Suzanne Clément, énigmatique et fascinante, marquée par quelque chose que l’on ignore. Un autre des points forts du film c’est les choix musicaux du jeune réalisateur. Très générationnels, marqués années 90, de Céline Dion à Andrea Bocelli, en passant par Counting Crows, Eiffel 65 et Dido, ces morceaux choisis – étonnants il faut le dire – sont souvent des moments de grâce. Ils offrent une parenthèse lumineuse dans un film marqué par l’âpreté et l’excès des relations entre la mère et le fils. Quelques séquences sont inoubliables : pour n’en citer qu’une, celle où la maman, au volant de sa voiture, rêve d’une autre voie pour son fils – alors qu’elle s’apprête à commettre le pire – est d’une force animale. Œuvre pleine d’émotions brutes, mais jamais larmoyante, Xavier Dolan trouve, avec Mommy, l’équilibre parfait, et nous scotche souvent au fond de notre fauteuil tant il y a de l’intensité qui se dégage de ses dialogues et de ses images. Le final est à l’image du film, choquant et bouleversant, tout en laissant place à l’espoir et à la lumière…

R.M.