Les Passagers de la Nuit

Les Passagers de la Nuit

France, M. Hers, 2022
Note : 4.5 / 5 – Excellent

Mickaël Hers avait déjà suscité de belles réactions avec son précédent long-métrage, Amanda, sorti en 2018. Sélectionné à la Berlinale avec Les Passagers de la Nuit, cette nouvelle réalisation s’avère être plus qu’une confirmation, mais une vraie consécration tant ce film est une superbe réussite en tout point. D’abord parce que la mise en scène est formidable d’inventivité pour parvenir à un rendu des années quatre-vingt absolument impeccable. Notamment car le réalisateur a préféré l’usage d’images d’archives, qu’il utilise soigneusement, plutôt que de s’acharner à des reconstitutions hasardeuses. Ensuite, parce que l’habillage sonore de son film est absolument parfait, nous plongeant avec délectation dans l’atmosphère musicale atypique et gracieuse de cette époque. Également car l’écriture du scénario est remarquable. Sans jamais savoir où nous mène cette histoire, Mickaël Hers parvient à garder le spectateur dans une douce incertitude qui ne confine jamais à l’ennui. Et que dire des interprètes ! D’abord la prestation épatante de la jeune Noée Abita, étoile montante du cinéma français, qui incarne Talulah, jeune fille paumée dans la capitale. Elle l’interprète avec une douceur quasi hypnotique et avec une voix et un phrasé assez uniques. Mais c’est surtout Charlotte Gainsbourg, en formidable mère courage qui s’émancipe et trouve sa voix et sa voie petit à petit au fil du récit, qui réalise une prestation éblouissante dont elle seule a le secret. C’est elle d’ailleurs qui déclame le formidable monologue final, ode à la famille et à l’humanité.

R.M.