Le Traître

Le Traître

Ita, M. Bellocchio, 2019CANNES_H80
Note : 4 / 5 – Très Bien

Film de mafia assez différent des habituels longs métrages du genre, Le Traître revient sur ces hommes qui ont décidé de briser la loi du silence, et de collaborer avec la justice. Ceci pour mettre un coup d’arrêt à la folie meurtrière de Cosa Nostra, cette organisation qui ensanglantait la Sicile, particulièrement dans les années 80. Du maxi-procès de Palerme jusqu’à l’assassinat du juge Falcone, le film nous propose la reconstitution soignée de moments de l’histoire italienne, ce qui en fait un riche récit historique en plus d’être un long-métrage de mafia. Le réalisateur Marco Bellocchio expose brillamment les grandes difficultés auxquels la justice avait à faire face pour parvenir à faire la lumière sur les actes crapuleux des membres de Cosa Nostra. Contrairement à d’autres films du genre, Le Traître présente à l’écran bien peu d’actes violents, et ne magnifie jamais les mafieux. En fil rouge, il nous propose de suivre le plus célèbre des repentis, Tommaso Buscetta. Et la tâche ardue à laquelle s’est attelé le réalisateur est de parvenir à ne pas rendre sympathique cet homme qui, bien que collaborant avec la justice, fut bien un criminel qui, comme les autres, avait du sang sur les mains. Le film a beau durer deux heures et demi, le récit parvient tout de même difficilement à nous faire saisir les causes profondes qui ont amené Buscetta à parler, même si quelques éléments de compréhension nous sont apportés lors de la reconstitution du procès. Dialogues soignés, acteurs convaincants et mise en scène efficace sont d’autres aspects du long-métrage qui justifiaient largement sa sélection au dernier festival de Cannes, et donc notre plaisir à le découvrir en salle.

R.M.