11.6

La Vie d’Adèle

France, A. Kechiche, 2013CANNES_H80
Note : 4 / 5 – Très Bien

Qu’on aime ou qu’on déteste, on ne peut rester insensible à la vie d’Adèle. Bien souvent s’étirant en longueur de manière excessive, les dialogues sont pourtant d’une grande richesse et d’une grande force. Ils racontent quelque chose de notre époque. Au-delà d’une histoire d’amour puissante, c’est les rapports sociaux entre les individus qui sont l’essence même du film. Ces trois longues heures, parfois captivantes, mais plus souvent faussement ennuyeuses, laissent malgré tout une trace forte chez le spectateur. Ce film est unique, excessif bien sûr, parfois dérangeant. Le tournant du film bien sûr c’est la rupture : une scène de cinq minutes, brutale et fascinante, d’une puissance rarement vu au cinéma, qui vous cloue littéralement au siège. Les choix de mise en scène sont très marqués : aucune musique, des transitions brutales, des gros plans sur les visages. C’est déroutant mais cela donne sans aucun doute de la force au propos. Pendant trois heures, Adèle Exarchopoulos fascine, agace, énerve, vie plus qu’elle ne joue. Elle offre malgré tout assez peu de variation dans son jeu, et a donc du mal à se rendre attachante. La performance de Léa Seydoux est plus forte, car variée, lumineuse au début puis magnifiquement sombre. Film inclassable, indéchiffrable, interminable, le temps dira si la vie d’Adèle était bien le chef d’œuvre du festival de Cannes 2013.

R.M.