La Favorite

La Favorite

USA/GB, Y. Lánthimos, 2019
Note : 3 / 5 – Pas Mal

Début du XVIIIe siècle, un château de la campagne anglaise et sa grisaille tenace : il n’en faut pas beaucoup plus pour faire fuir le cinéphile. Mais voilà que le réalisateur dudit film, Yórgos Lánthimos, s’est fait un nom à Cannes ces dernières années. Il a aussi des stars au casting, et les Oscars l’ont affublé de dix nominations à la prochaine cérémonie. Évidemment, le début du long-métrage n’est pas très engageant, pas aidé par une lumière ténue et un usage du grand angle assez perturbant. Mais une fois les trois personnages principaux installés dans le récit, on parvient enfin à rentrer dans ce triangle féminin d’une férocité discrète assez jouissive. Et les trois actrices excellent : Olivia Colman dans le rôle d’une reine truculente, qui passe de l’excès au sensible, se livre totalement et semble se régaler dans ce rôle hors norme. Emma Stone est au diapason : elle joue d’abord la candeur et l’espièglerie puis se transforme petit à petit en monstre d’avidité et d’arrivisme. Assurément un nouveau grand rôle pour la jeune américaine. Rachel Weisz n’est pas en reste : l’actrice anglaise incarne la duplicité masquée derrière une élégance de presque tous les instants. Ces trois actrices font du long-métrage une oeuvre profondément féministe, dans lequel les hommes sont tournés en ridicule avec drôlerie. Yórgos Lánthimos se donne du mal pour sortir son film d’un contexte bien pompeux, mais les deux heures en quasi huis-clos de cette histoire singulière, ont quand même bien du mal à passer. On frôle même le mal de tête avec ses images distordues, une musique des plus sinistre et une fascination pour la vomissure d’un gout douteux. On retiendra la prestation d’actrices qui surnagent.

R.M.