Grâce à Dieu

Grâce à Dieu

Fra/Bel, F. Ozon, 2019
Note : 4 / 5 – Très Bien

François Ozon a retiré tous les beaux artifices de ses précédentes mises en scène, pour recentrer clairement le sujet de son film au cœur des attentions du spectateur. Car le récit est trop grave, trop important, pour ne pas en faire l’élément le plus important du long-métrage. Évidemment on ne peut s’empêcher de penser à Spotlight, le film oscarisé en 2016, qui avait également pour thème la pédophilie dans l’Église. Mais, dans ce dernier, l’intrigue se déroulait auprès des journalistes qui enquêtaient sur l’affaire. Alors, que le film de François Ozon se déroule du côté des victimes, un défi encore plus grand pour le réalisateur et ses acteurs. Heureusement ces derniers s’avèrent exceptionnels : ils sont trois, ils proposent des interprétations très différentes les unes des autres mais qui demandent toutes beaucoup d’investissement et d’implication. Melvil Poupaud, Denis Ménochet et Swann Arlaud, puisqu’il s’agit d’eux, s’avèrent parfaitement convaincants dans ces rôles d’adultes qui cherchent à revenir sur leur terrible passé. François Ozon prend le risque de découper son long-métrage en trois parties, centrées chacune sur un des trois personnages principaux du récit. Cela ne fonctionne pas très bien dans une première partie très documentaire, avant de prendre tout son sens à partir de la deuxième séquence, et encore plus ensuite avec le rôle marquant joué par Swann Arlaud. Le film prend donc son temps pour saisir le spectateur, mais l’effroi que suscite cette histoire et l’incarnation parfaite des acteurs emporte au final l’adhésion. François Ozon signe là son film le plus militant, en route pour les prochains César.

R.M.