Dunkerque

Dunkerque

USA, C. Nolan, 2017
Note : 3.5 / 5 – Bien

Réalisateur libre et indépendant, Christopher Nolan s’écarte clairement du chemin suivi par les films de guerre traditionnels pour expérimenter avec Dunkerque une toute nouvelle expérience sensorielle. Le côté spectaculaire est évidemment au rendez-vous, les sensations éprouvées se rapprochant de ce que l’on avait ressenti dans Gravity. Mais ce qui fonctionnait à la perfection dans le film d’Alfonso Cuaron s’avère beaucoup plus déroutant dans le long-métrage de Nolan, surtout pour les amateurs de films de guerre. Ces derniers peuvent être perturbés par la remise au goût du jour de l’absence de sang visible à l’image. Et aussi par l’absence d’empathie totale pour les personnages, peu bavards, distants et bien peu incarnés pour la plupart. Les seules performances à saluer ne sont pas celles des jeunes soldats présents sur la plage de Dunkerque. Mais plutôt celles de Kenneth Branagh et de Tom Hardy. Ce dernier excelle dans l’art d’interpréter des émotions seulement avec ses yeux et son regard, perçus au travers de son masque de pilote. La scène la plus marquante visuellement se trouve dans le final lorsque l’avion de notre héros se retrouve sans carburant et qu’enfin le silence se fait. C’est d’ailleurs bien là où il y a un souci, car ce qui doit être perçu comme une potentielle finalité dramatique, est plutôt perçue comme une délivrance. En effet, alors qu’il avait excellé dans Interstellar, Hans Zimmer passe complètement au travers de la musique de Dunkerque. L’ambiance sonore du film est certes oppressante à souhait mais elle est aussi assourdissante à l’excès. Le travail sur le son est pourtant assez remarquable, mais on peut se permettre de douter du réalisme des basses, surpuissantes. A vouloir atteindre des sommets en terme de réalisme, Nolan a peut-être dépassé légèrement les limites du réel. Spectaculaire et étourdissant, Dunkerque laisse de côté les hommes et un peu ses spectateurs avec. Dommage.

R.M.