Blackkklansman

Blackkklansman

USA, S. Lee, 2018CANNES_H80
Note : 3.5 / 5 – Bien

Reparti du dernier festival de Cannes avec le Grand Prix, Spike Lee a parfaitement réussi son retour au premier plan. Et, forcément, placé assez haut les attentes des spectateurs sur ce projet de biopic excitant. Mais les promesses ne s’avèrent qu’en partie tenues. La faute à deux ou trois écueils auxquels se heurte le réalisateur américain. L’excellente prestation de John David Washington dans le rôle-titre ne trouve pas forcément son pendant dans l’autre rôle important du film, interprété par Adam Driver. Ce dernier s’avère en effet un peu léger dans son interprétation, sa traditionnelle nonchalance n’étant pas forcément adaptée à l’infiltration incroyable que le personnage qu’il incarne doit effectuer. Par contre, Spike Lee a réussi à caster bon nombre d’excellents seconds rôles. Le second écueil du film, c’est son côté trop bavard ! Il y a dans son scénario des longueurs qui gênent la fluidité du récit. L’aspect politique du message prend trop le dessus sur les deux autres composantes de son histoire, à savoir l’intrigue policière et les quelques touches d’humour. Ces dernières sont, du coup, pas vraiment à la hauteur de ce qu’on aurait pu attendre. Mais la grande force de Blackkklansman c’est la force de son message anti-raciste, qui passe par une mise en avant frontale et brutale des pires propos. Le film se déroule dans les années 70 et parait pourtant très contemporain, et encore plus vers la fin avec des images glaçantes de manifestations récentes. Il y a aussi ces références à peine masquées sur Donald Trump, sa politique et ses slogans. Tout cela est tout à la fois captivant et glaçant, même si le trait est parfois un peu trop appuyé.

R.M.