Babylon

Babylon

USA, D. Chazelle, 2023
Note : 4.5 / 5 – Excellent

Tant attendu, le retour du réalisateur prodige Damien Chazelle s’avère à la hauteur du metteur en scène de référence qu’il est devenu. Le sujet, la transition entre le cinéma muet et le cinéma parlant, a pourtant déjà été traité, mais le réalisateur franco-américain parvient à dresser de cette époque un portrait à nul autre pareil. En partie inspiré par le livre Hollywood Babylon, Chazelle montre toutes les folies, tous les excès du milieu du cinéma américain des années folles. Plusieurs séquences du début du film sont inoubliables : la grande fête inaugurale, les tournages en extérieur des films muets, et la première réalisation avec enregistrement sonore. Ces moments forts du long-métrage, que le réalisateur fait s’étirer en longueur, sont des bijoux de mise en scène, de purs régals visuels et sonores. Les deux premières heures du récit sont donc un enchantement, du cinéma total. Avec ce côté très artisanal, très réaliste, sans effets spéciaux facilement visibles, l’art de Damien Chazelle atteint des sommets. Mais la troisième heure du film, plus sombre, comporte des longueurs qui nuisent un peu à la cohérence globale du récit. Derrière les remarquables interprétations de Brad Pitt et de Margot Robbie, la révélation est l’épatant acteur mexicain Diego Calva qui leur donne la réplique avec une grande justesse. Formidable description d’une folle époque, déclaration d’amour à la fabrication des longs-métrages, Babylon est une œuvre d’art à part entière, mais sans doute trop atypique et trop longue pour parvenir à conquérir un large public.

R.M.