120 Battements par Minute

120 Battements par Minute

France, R. Campillo, 2017CANNES_H80
Note : 4 / 5 – Très Bien

Le réalisateur Robin Campillo a évidemment été membre d’Act Up au début des années 90. Sinon, comment aurait-il pu rendre avec un tel réalisme, une telle sincérité et une telle authenticité la lutte à la vie à la mort de ces jeunes malades du Sida. Récompensé logiquement par le Grand Prix du festival de Cannes, son long métrage nous offre à suivre de manière quasi documentaire l’organisation de l’association et la vivacité des débats qui l’animait au début des années 90. C’est notamment dans la formidable façon dont Robin Campillo filme et représente les réunions hebdomadaires de l’association que ce réalisme prend tout son sens. Il fait des allers-retours réguliers entre ces réunions et les actions des militants sur le terrain, et nous montre les doutes qui émergent et surtout l’urgence face à la déliquescence des corps devant la maladie. En parallèle, 120 Battements par Minute offre une plongée charnelle dans la vie d’un couple homosexuel, dans la même veine que celle offerte par Abdellatif Kechiche dans La Vie d’Adèle. C’est Nahuel Pérez Biscayart, jeune acteur argentin, qui interprète Sean, le personnage au cœur de cette romance, et sa prestation remarquable dans ce rôle marquant lui vaudra sans doute les honneurs des prochains Cesar. Campillo a aussi su dénicher d’excellents seconds rôles pour interpréter les autres membres de cette communauté d’énergies. En plus de la déjà renommée Adèle Haenel, on peut citer également Antoine Reinartz qui fait un dirigeant d’Act Up plus vrai que nature. Malgré tout, le film est parfois tellement dur, voire même revêche comme le dit lui-même Robin Campillo, qu’il nous laisse parfois un peu à distance. Parce qu’en vase-clos, les militants d’Act-Up, très solidaires les uns des autres, portaient en eux un fardeau qui ne pouvait être compris que par un autre membre de l’association.

R.M.