Vice

Vice

USA, A. McKay, 2019
Note : 4.5 / 5 – Excellent

Dans son précédent film, The Big Short, Adam McKay avait dressé un portrait glaçant des dérives américaines qui avaient engendré la crise des subprimes. Avec un style bien à lui, une excellente écriture, un gros travail d’investigation et un casting parfait, les ingrédients de son précédent long-métrage l’avaient déjà conduit à la reconnaissance du milieu. Pour sa nouvelle réalisation, Il reprend les mêmes préceptes mais il parvient à faire de Vice un long-métrage plus grand public en éliminant les concepts économiques complexes de son précédent film. Cette fois-ci, il a trouvé en Dick Cheney, vice-président des États-Unis pendant huit ans sous l’ère George W. Bush, le parfait symbole des dérives politiciennes d’une administration va-t-en-guerre. Il fait une description passionnante de l’ascension d’un homme à la stature moyenne, qui parvient à devenir la vraie tête pensante de l’État. Certaines séquences sont stupéfiantes de cynisme. McKay ne se départie pourtant pas de drôlerie, décrivant les hommes qui gèrent la première puissance mondiale comme des personnages parfois outranciers et plein de vices. Les scènes où les acteurs s’adressent au spectateur face caméra, sa marque de fabrique, sont des moments délicieusement ironiques et plein d’à-propos. La performance géniale, une nouvelle fois, de Christian Bale, est un atout majeur pour le réalisateur américain. Car, pour donner corps à ce Dick Cheney, il fallait un acteur majuscule, capable d’embrasser à la fois le physique imposant et la psyché mystérieuse du monstre politique américain. Les non moins excellents Steve Carell et Sam Rockwell ne sont pas en reste : ils forment avec Bale le trio drôle et terrifiant d’une Amérique hors de contrôle.

R.M.