Taxi Téhéran

Taxi Téhéran

Iran, J. Panahi, 2015
Note : 3 / 5 – Pas Mal

Le réalisateur iranien Jafar Panahi a obtenu l’Ours d’or à Berlin pour Taxi Téhéran alors qu’il ne peut plus quitter le territoire de la république islamique depuis plusieurs années. Dans ce film, qu’il a pu faire sortir clandestinement du pays, il se met en scène en chauffeur de taxi déambulant dans la capitale iranienne. La parole se libérant plus aisément dans un taxi, ses clients s’expriment librement sur la société iranienne. Mais très vite on se rend bien compte que ces derniers sont complices du réalisateur. Par conséquent, son nouveau film est donc à classer du côté des docufictions. Pourtant, au début, on peut se laisser convaincre d’assister à un documentaire, mais il n’en est rien. En réalité les différents personnages ne sont pas des acteurs professionnels mais ce sont tous des proches du réalisateur qui interprètent des rôles plus ou moins imaginaires. Le fond du film, et c’est sa force, tient surtout dans ses dialogues à la connotation politique évidente. La forme, où tout est filmé en caméras embarquées, est intéressante au début puisque l’on est plongé de manière très concrète dans un Téhéran qui nous est méconnu. Mais on se lasse assez vite malheureusement de ce choix de mise en scène, qui est certes discret pour le réalisateur interdit de tourner, mais qui est bien peu cinématographique. Jafar Panahi est plutôt inexpressif dans le rôle-titre. Il laisse à sa jolie galerie de personnages le soin de divulguer tous les messages qu’il souhaite offrir au monde extérieur. C’est donc un vendeur de DvD, une petite fille (sa nièce) ou encore une célèbre avocate qui dissertent sur les règles anti-démocratiques qui régissent la vie politique et culturelle de millions d’iraniens. Intéressant.

R.M.