Moi, Tonya

Moi, Tonya

USA, C. Gillespie, 2018
Note : 4.5 / 5 – Excellent

Craig Gillespie signe avec Moi Tonya le premier gros coup de cœur cinéma de l’année. Ce qu’il réussit à faire de cette histoire glauque dans l’univers du patinage artistique est remarquable. Parce qu’il n’y avait pas, au premier abord, matière à raconter des choses bien captivantes. Et pourtant, la façon dont il nous dépeint ce fait divers est vraiment épatante. Tout l’art de bien raconter une histoire tient dans la qualité du scénario de Steven Rogers, et Craig Gillespie a su parfaitement mettre en image ce récit qui épouse les traits du drame, du biopic et de la comédie, tout à la fois. On y trouve des séquences dramatiques assez troublantes, notamment avec la mère de la patineuse, incarnée de manière horrifique par une Allison Janney géniale. Elle a d’ailleurs reçu pour cette prestation, et sans contestation possible, l’Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle. Margot Robbie aurait également mérité de repartir avec l’Oscar pour son interprétation tout à la fois physique, drôle et dramatique de Tonya Harding. Et avec des seconds rôles géniaux, qui forment une galerie de personnage magnifiquement pathétiques, le casting est donc au sommet. Mais au-delà de ses interprètes Moi Tonya distille avec justesse son portrait d’américains paumés, dépassés par la soudaine notoriété d’une des leurs, et qui prennent donc des décisions absurdes, basculent dans le n’importe quoi et se mentent à tout crin. A la fois biopic et documentaire, filmé avec soin et joliment mis en musique, ce film qui fait passer du rire aux larmes est le petit bijou à ne pas rater de ce début d’année 2018.

R.M.