L'Île aux Chiens

L’Île aux Chiens

All/USA, W. Anderson, 2018
Note : 3.5 / 5 – Bien

Wes Anderson est un artiste tellement rare et si unique qu’on déguste son dernier long-métrage comme une friandise longuement convoitée. Son travail fourmille d’un tel degré de minutie et de rigueur qu’on est bien embêté au moment de critiquer une telle proposition artistique. Et, en effet, il n’y a bien que la futilité, toute relative, du sujet qui peut être sujette à caution. Pour le reste c’est presque parfait : l’animation est brillante, la musique d’Alexandre Desplat parfaite, les voix françaises excellentes (notamment celle de Vincent Lindon, dans le rôle-titre). Les décors japonisants sont souvent magnifiques, même s’il on peut regretter la présence un peu longue à l’écran de l’île-poubelle qui ne rend pas vraiment grâce à tout le travail effectué sur ce film. Le scénario fourmille de petites réflexions malines sur les relations entre les hommes et leurs animaux, et n’est pas exempt d’humour, souvent présent sous la forme de jolies séquences très visuelles. Après avoir dit tout ce bien sur cette proposition artistique épatante, il reste un sujet purement canin qui a quand même un peu de mal à nous faire dresser plus qu’une oreille d’attention. En effet, même s’il y a un peu de fond et surtout une forme magnifique, le sujet reste assez léger avec des chiens qui conversent sur leur avenir. Wes Anderson n’atteint donc pas, avec son Île aux Chiens, la maestria de son précédent film, The Grand Budapest Hotel, mais nous offre une nouvelle fois un très joli moment de cinéma.

R.M.