Dheepan

Dheepan

France, J. Audiard, 2015CANNES_H80
Note : 4 / 5 – Très Bien

Le dernier film de Jacques Audiard était présenté en mai dernier à Cannes pour le festival. Et il est reparti ni plus ni moins qu’avec la Palme d’or : le prestigieux prix offert par le jury des frères Coen peut rendre forcément un peu plus complexe la critique objective de ce long métrage. Le film n’a, en effet, pas fait l’unanimité parce qu’il détonnait vraiment dans la filmographie de son auteur. Audiard, habitué à un certain réalisme dans ses précédents films, a poussé le curseur encore plus loin pour sa dernière réalisation. Il a tourné, pour cela, avec des acteurs amateurs et en langue tamoul, rien que ça ! Cela en fait donc un film vraiment singulier. Et il se dégage assez vite quelque chose de captivant à suivre ces trois personnages déracinés dans une banlieue française bien éloignée de leur précédente vie. Le sujet semble terriblement éloigné de nos préoccupations mais on arrive malgré tout à être accroché au destin de ces personnages. Et c’est en cela que c’est remarquable de maitrise cinématographique et que l’on reconnait tout le talent de Jacques Audiard. Le scénario est plein de sous-entendus et de non-dits, qu’il faut arriver à mettre au jour. Dheepan raconte l’émigration, le déracinement, l’intégration mais parle surtout de guerre. Le film était au début sous-titré « l’homme qui n’aimait pas la guerre », cela en disait beaucoup, sans doute trop, de ce qui est vraiment la ligne directrice du film : les blessures enfouies de cet ancien Tigre tamoul. Le film est beau et le ton est juste jusqu’aux deux séquences qui closent le film : elles sont difficiles à relier entre elles, pas évidentes à interpréter et un peu trop déroutantes pour susciter une totale adhésion.

R.M.